Le vin liquoreux dans la transition viticole française : un produit de terroir en quête de reconnaissance dans la hiérarchie vitivinicole

Directeur de la thèse : Monique Poulot
École doctorale : ED 395
Année d’Inscription : 2012

Résumé

Le vin liquoreux occupe une place particulière dans le monde du vin. Il est l’apanage des vignobles du vieux continent, encore très peu en mesure d’être concurrencé par les vins du nouveau monde, qui dessinent pourtant une nouvelle planète de vins. Le vin liquoreux semble correspondre à un vin de terroir à la française, rappelant les liens entre une unité agronomique, un savoir-faire et une histoire humaine. De plus, il véhicule une puissante image de qualité pour un vignoble et pour la France viticole de manière générale, les vignerons l’élaborant utilisant majoritairement des techniques nouvelles et souvent soucieuses de l’environnement. Pourtant, c’est un vin très peu étudié par la géographie viticole, ou de manière très indirecte. Ce vin demeure en effet un impensé de la géographie viticole, qui a valorisé depuis longtemps les vignobles de vins blancs secs et de vins rouges, et ce vin est comme « déconnecté » de la catégorie des vins blancs. L’image du liquoreux a en effet très fortement varié dans le temps, son histoire demeure encore mystérieuse, alors même qu’un « tournant qualitatif » sans précédent a été opéré par les vignerons pour redorer son image et par la même celle de leur vignoble. Il semble se trouver en effet que les vins liquoreux soient des leviers de développement intéressants pour un vignoble et ses acteurs, en terme d’image, mais aussi parce qu’il permet de mettre en valeur les éléments les plus dynamiques du vignoble. Toutefois, on peut dire que ces vins et leurs vignobles associés sont dans une situation transitoire, les acteurs la filière hésitant encore à ce que les liquoreux portent l’image de leur vignoble, aucun liquoreux n’étant d’ailleurs systématiquement associé de façon claire par le consommateur à un vignoble précis. On peut avancer l’idée d’une adaptation nécessaire des vignobles français à répondre aux attentes des consommateurs, en termes de qualité, d’image, de produit, de lisibilité et d’accessibilité, de façon à mener une véritable « transition viticole », concept qui pourrait être opérant en géographie rurale.