Les périphéries du parc HLM comme territoires d’« innovation sociale » :

En France, le parc social présente une dualité entre des immeubles dont la composition sociale résonne avec les objectifs de « mixité » et de « cohésion » sociales assignés au logement social, et un parc périphérique qui concentre des populations précarisées et des minorités ethniques (Bourgeois, 2017 ; Chapelle et Ramond, 2018). Depuis les années 1980, ces espaces issus d’une production directe de la puissance publique sont devenus des laboratoires de la « modernisation » de l’action publique et du renouvellement des modes d’encadrement institutionnel (Epstein, 2013). Les organismes HLm s’y trouvent désormais aux avant-postes de la territorialisation de l’action publique et de la reformulation du rapport entre gouvernants et gouvernés (Demoulin, 2016). Dans ce cadre, les bailleurs sociaux multiplient les dispositifs d’« innovation sociale » qui cherchent concrètement à transférer certaines responsabilités aux locataires et à modifier les modes d’organisation du travail gestionnaire. À partir du croisement de deux recherches – une thèse sur la marchandisation de l’intervention sociale (Leclercq, 2021) et une recherche-action financée par un fonds Européen – cette communication voudrait interroger la relation centre/périphéries au prisme des organisations. En quoi les politiques d’innovation sociale menées dans les espaces périphériques contribuent-elles à positionner les marges du parc social au centre, en faisant le moteur des processus de rationalisation du travail et de la redéfinition du rapport locatif dans l’ensemble du parc social ?