Mobilisation contre le projet de LPPR

Extrait de l’appel de la section 39 du CNRS

La Loi (Pluriannuelle) de Programmation de la Recherche (LPPR) a été présentée en conseil des ministres en juillet. Elle sera discutée à l’Assemblée Nationale courant septembre. Le gouvernement a choisi d’engager une « procédure accélérée » sur le texte limitant toute concertation puisque le projet ne fera l’objet que d’une seule lecture devant chacune des chambres du Parlement (Assemblée Nationale puis Sénat et retour à l’Assemblée) avant d’être adopté, réduisant ainsi considérablement les temps de discussions parlementaires et les possibilités de modification. C’est particulièrement problématique, dans la mesure où le texte actuel (http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3234_projet-loi#) ne répond pas aux attentes de la communauté scientifique et ne reprend quasiment aucune des propositions que le Comité national de la Recherche Scientifique (CoNRS), des collectifs de chercheurs, les syndicats et les sociétés savantes avaient placées comme prioritaires.

En particulier, la LPPR n’inclut aucune mesure forte pour l’emploi permanent, ni l’atteinte des 1% du PIB pour la recherche publique, ni l’augmentation du soutien de base aux unités.

Au contraire, elle propose de mettre en place des dispositions qui vont à l’encontre de ces priorités, et notamment : (1) Les tenure tracks (chaires de professeur junior) qui mettent en place un système à plusieurs vitesses et qui représenteront jusqu’à 25% du nombre de postes à pourvoir et seront fléchés par chaque établissement ; (2) Un financement de la recherche qui, contrairement à ce qui a été annoncé (i.e. 25 milliards d’euros sur 10 ans), n’augmente pas significativement en 2021 (seule année qui engage ce gouvernement) et dont l’augmentation n’engage aucunement les futurs gouvernements ; (3) Le renforcement de l’ANR et l’augmentation des préciputs dont les modalités de redistribution restent floues, sans signe d’une augmentation des crédits récurrents aux laboratoires.

Ainsi, sous couvert de quelques rares éléments positifs, c’est une modification profonde de notre système de recherche qui est proposée, où l’emploi permanent, les concours blancs du CNRS, et la recherche fondamentale ne sont plus la règle, et ceci sans que les moyens suivent. L’énorme travail collectif du CoNRS, mais également les appels des sociétés savantes et d’autres collectifs de chercheurs, sont restés lettre morte, indiquant clairement que les modes d’action privilégiés jusqu’ici pour nous faire entendre et visant une construction collective de la loi et le dialogue, ne sont absolument pas efficaces.
Plusieurs sections du CoNRS sont en train de se mobiliser.

Nous, section 39, souhaitons avancer vers des actions fortes, en lien avec la communauté que nous représentons. L’objectif est de faire savoir que nous voulons une LPPR, mais une LPPR ambitieuse, construite autour des trois grands principes jugés indispensables par la communauté scientifique dans sa vaste majorité pour redresser une situation qui n’a pas cessé de se dégrader depuis de nombreuses années (redéveloppement important de l’emploi statutaire, augmentation des crédits de base des laboratoires, atteinte rapide des 1% du PIB pour les dépenses de recherche publique). Nous ne sommes pas disposé.e.s à accepter la LPPR telle qu’elle est proposée aujourd’hui. Aussi, si à la suite des actions classiques qui seront menées y compris par le CoNRS (motion, contact des députés, propositions d’amendements), la loi votée par le Parlement reste sourde aux principales demandes de la communauté scientifique, les membres de la section 39 envisagent de démissionner de leur mandat au CoNRS et d’appeler l’ensemble de leurs collègues à la démission de leurs responsabilités collectives.