L’habitat informel dans la ville de Gabès (Tunisie), extensions urbaines, marginalisation sociale et spatiale et dégradation de l’environnement

Directeur de la thèse : Ayeb Habib
École doctorale : ED 395 : Paris Ouest Nanterre La Défense
Année d’Inscription : 2010

Résumé

Le sujet de ma recherche pour l’obtention de la thèse de doctorat en géographie porte sur « L’habitat informel dans la ville de Gabès (Tunisie) ; marginalisation sociale et spatiale et dégradation de l’environnement.
Ce travail vise à explorer en profondeur l’articulation entre trois phénomènes, souvent appréhendés séparément : a) l’extension urbaine qui peut donner lieu à des formes d’habitats non autorisées, dits informels ; b) la concentration spatiale de la marginalité sociale ; c) L’extension de la ville ou de l’urbain sur des espaces ruraux productifs
Ces différents processus sociaux et spatiaux sont à la fois en amont et en aval (cause et effet) de compétitions acharnées sur les ressources (naturelles ou non) entre des catégories sociales différentes mais dont on peut identifier aux moins deux : a) les petites paysanneries ; b) les grands investisseurs agricoles (y compris des sociétés étatiques). A ces deux « compétiteurs » il faut ajouter la ville elle-même grande consommatrice d’eau et de sols.
Ma recherche consistera donc en l’exploration approfondie de l’ensemble de ces processus et phénomènes et de leurs conséquences, sociales, spatiales et environnementales. Le travail se fera en prenant le quartier informel de Zrig, situé au sud de la ville de Gabès en Tunisie, comme exemple. En plus d’être un quartier informel hébergeant des centaines de familles généralement, modestes ou pauvres, originaires de Gabès même ou de tout le sud du pays, le quartier de Zrig s’est développé sur l’une des oasis de Gabès (les seuls oasis côtières en Méditerranée), dont seules quelques parcelles résistent encore au phénomène. Malgré la présence de certaines familles plus aisées et ayant accès au cercles de décisions, et malgré la légalisation partielle mais lente de certaines parties de ce nouveau quartier, les habitants souffrent d’un manque flagrant d’infrastructures et de services. En même temps on assiste à la réduction très rapide de la surface agricole oasienne. Pendant que ce poumon vert se rétrécit, que l’espace productif se réduit et que les petits paysans et l’agriculture familiale et vivrière sont progressivement marginalisés, des dizaines de nouveaux périmètres irrigués, fortement consommateurs d’eau, se multiplient et se développement avec des productions principalement destinées à l’export.
Notre hypothèse centrale est que la cause principale de la naissance des quartiers informels est, d’une part, les limitations et les contraintes d’accès aux ressources et aux services sociaux, et les inégalités sociales engendrés, et, d’autre part, l’exacerbation des compétitions sur les ressources naturelles entre les populations locales, en l’occurrence les petites paysanneries oasiennes, et les investisseurs, en l’occurrence les nouveaux grands producteurs agricoles dans la steppe.
C’est donc dans sa double dimension de marginalisation des habitants du quartier et des petits paysans de l’oasis, d’une part, et de la compétition sur les ressources, d’autre part, que le quartier informel de Zrig sera étudié et observé. Des enquêtes qualitatives et quantitatives seront réalisées en axant la démarche sur quelques questions principales : Quels sont les liens directs ou indirects entre la compétition sur les ressources (naturelles et « matérielles ») et l’apparition des quartiers informels ? Quelles sont les différentes stratégies développées pour accéder à la terre à construire et aux services de base comme l’eau et l’assainissement ? Quels sont les processus et les dynamiques qui forcent les petits paysans de l’oasis à abandonner l’activité agricole et à vendre leurs parcelles à des familles ou des entrepreneurs ? Quels sont les conditions et les processus de légalisations collectives ou individualisées de l’habitat informel ? Qui sont les principaux acteurs de cette informalité urbaine ?