Chantiers du LAVUE pour 2024-2025

Les chantiers de recherche problématiques sont plus souples et resserrés que les anciens axes. Ces chantiers visent à prendre en compte les dynamiques de recherche existantes et à les renforcer en organisant des rencontres, séminaires, lectures collectives, etc. Leur durée n’est pas fixée a priori. Ils peuvent émerger ou s’éteindre en fonction de leur dynamique interne. Indépendamment donc de toute contrainte externe (quadriennal ou autre)

LES PRATIQUES D’ÉMANCIPATION URBAINE
Axel Wilmort, Julie Lavayssière, Joséphine Bastard
Dans la suite des travaux entrepris sur cette question, les pratiques d’émancipation sont envisagées comme des révélateurs de formes de pouvoirs qui sont à l’œuvre dans la fabrique de l’urbain. De ce point de vue, les normes et les modèles qui font partie des injonctions contemporaines de la mise en ordre de l’urbanité, sont envisagés comme des dispositifs, dont les agencements peuvent être révélés par leurs contestations, détournements et arrangements. Ces pratiques observées dans leur matérialité mettent en évidence les prises des acteurs quant à leur place dans la ville. La relation dialectique entre les formes de pouvoirs et les pratiques d’émancipation situées est analysée cette année dans le cadre d’une discussion collective à partir des terrains des membres du laboratoire qui participent à ce chantier.

LES TEMPORALITÉS

Appel aux volontaires
Il s’agira de réfléchir aux conditions de possibilité ou d’impossibilité pour saisir les différents régimes des temps qui caractérisent les changements contemporains en les abordant en termes de reconfiguration et d’impermanence. De l’urbain au rural, le changement ne sera donc pas abordé comme un état de fait mais comme un processus dont nous questionnerons les acteurs, les échelles et les mots pour dire ces transformations et transitions à l’œuvre, qu’elles soient écologiques, politiques ou sociales.

LES COLLABORATIONS SCIENCES SOCIALES ET SOCIÉTÉ
Romain Gallart, Yasmina Dris
Alors que les injonctions aux collaborations sciences-société se multiplient dans l’enseignement supérieur et la recherche, l’enjeu de ce chantier est de les interroger dans une perspective critique. Pensé comme un espace réflexif, ce chantier pourra accueillir différentes formes de collaborations impliquant chercheurs et non-chercheurs. Il pourra notamment interroger les effets de ces collaborations sur les participants, les territoires et les politiques publiques.

ESPACES EN TRANSFORMATION ETDAGOGIES
Nadja Monnet, Florence Bouillon
Un chantier sur les pédagogies et les méthodologies de transmission des savoirs, en lien avec les espaces où celles-ci se donnent à voir ; des espaces d’apprentissages tout au long de la vie qui peuvent se faire dans des espaces dédiés (garderie, école, collège, lycée, université, bibliothèque, musée) mais également à l’air libre (forest school, terrain d’aventure, parvis d’école, workshop hors les murs, etc.). Sans nous enfermer dans les apports de l’architecture scolaire ou de la socio-anthropologie des enfants et des adolescentes , ce qui nous intéressera avant tout seront les liens et les interactions qui peuvent s’instaurer entre des (a)ménagements spatiaux-temporels, des enseignements et des apprentissages. Un espace donc où débattre d’architecture et de pédagogie, mais également de méthodologie, d’épistémologie et d’éthique de la recherche avec les jeunes, au sein duquel dialogueront les sciences de l’éducation, les sciences humaines et sociales et les disciplines de projet.

ENFANTS, ESPACES ET ENVIRONNEMENT
Sonia Lehman-Frisch
Ce chantier vise à rassembler les chercheuses et les chercheurs souhaitant concentrer leurs réflexions sur une catégorie d’acteurs encore relativement peu étudiés dans les sciences sociales s’intéressant à l’espace et à l’environnement : les enfants. Il a l’ambition d’interroger le rapport des enfants à l’espace dans toutes ses dimensions et en s’appuyant sur toutes les disciplines (géographie, mais aussi sociologie, sciences politiques, aménagement, etc.). Il questionnera de manière privilégiée le rapport des enfants à l’espace proche, tout en tenant compte des autres échelles qui peuvent le construire, du local au global. Il s’intéressera à différents types d’espace (urbain, périurbain, rural...) et cherchera à saisir ce qui structure les différenciations des rapports à l’espace observés (lieu de résidence, catégorie sociale, genre, parcours résidentiel, etc.), et la manière dont ces différences peuvent porter des inégalités voire des injustices spatiales. Il interrogera les concepts d’âge, de génération, mais aussi de rapports intergénérationnels, de transmission et d’héritage (le poids de l’enfance dans le rapport à l’espace des adultes). Enfin, il réfléchira aux enjeux méthodologiques spécifiques posés par la recherche auprès de cette catégorie de population.

SAVOIRS HABITANTS
Marcos Colina, Mariana Cyrino
La question de la place et de la légitimité des savoirs habitants au sein de la fabrique de la ville semble un enjeu clé pointé par de nombreux travaux sur la participation citoyenne. Or, les savoirs des habitants sont souvent réduits aux compétences d’usage, bien que nombre d’autres savoirs peuvent être mobilisés dans les processus de projet institutionnels, mais aussi à travers des formes moins encadrées de transformation de l’espace (autoconstruction, autoproduction). Alors, ce chantier explorera la potentielle place des savoirs habitants dans la configuration même des dispositifs d’aménagement, de transformation, ou de rénovation. Il s’intéressera également à la portée que peut avoir la reconnaissance de ces savoirs en matière de transformation des pratiques professionnelles et des modalités de fabrication des espaces vécus.

SOCIO-HYDROSYSTÈMES : APPROCHES RELATIONNELLES ET CRITIQUES
Marie-Anne Germaine, Elise Temple-Boyer
L’eau constitue un élément spécifique au sein des systèmes socio-écologiques aussi bien en tant que ressource qu’en tant que milieu. Il s’agit ici de prendre l’exemple des socio-hydrosystèmes (rivières mais aussi lacs, zones humides ou bassins versants) pour discuter des relations (matérielles, pratiques, paysagères, symboliques, cognitives, etc.) entre les sociétés et leur environnement. Inscrit dans le contexte de l’Anthropocène et du constat d’une crise relationnelle, ce chantier vise à interroger les notions de connectivité(s), de (dé)connexion(s), d’attachements ou encore d’interdépendances pour appréhender les relations des sociétés (individus, collectifs) à leur environnement. Il s’agit de voir comment celles-ci sont amenées à se transformer dans le contexte de changements globaux caractérisé par un renouvellement des politiques publiques et l’émergence de mobilisations originales. Seront particulièrement discutés l’opposition visible / invisible, les motifs à agir, les conditions d’un renouvellement des interactions humains- milieux. Ce chantier s’appuiera notamment sur la construction d’un cycle de séminaires et a pour but de définir un programme de recherche commun.

NORMES, NORMALISATION, STANDARDISATION
Hélène Nessi, Alena Coblence

L’AUTOPRODUCTION DE LOGEMENTS, D’ESPACES PUBLICS ET DE QUARTIERS, DANS UNE DIMENSION INTERNATIONALE
Marcos Colina, Ana-Luna Py, Victorine Dreau
Ce chantier vise à rassembler des études sur les processus de fabrication des maisons, des espaces publics et des quartiers portés par des habitants, avec un appui très réduit, voire inexistant, de la puissance publique. Quatre échelles d’analyse pourront y trouver une place. Tout d’abord, l’autoconstruction des logements dans ses dimensions architecturales et sociales. Ensuite, l’autoproduction comme démarche de fabrication progressive des quartiers (une notion à reconsidérer, comme avancée par les travaux de S. Bresson et al. au CoPolis ou les travaux de C. Topalov et al.). Une autre échelle serait celle de l’autogestion de ces espaces et des services annexes, tels l’eau, l’électricité, l’assainissement, ainsi que de la vie collective des quartiers… Enfin, il s’agit de porter un regard sur des expériences d’intervention dans ces processus de fabrication urbaine par des acteurs exogènes autres que la puissance publique. Ce chantier fait appel à la recherche sur des pays dont ce phénomène est en croissance (en Amérique latine, Asie et Afrique principalement), sans pour autant que d’autres expériences plus singulières en Europe ne puissent aussi s’incorporer. En définitive, l’intérêt serait d’analyser comment les expériences d’autoproduction – de fabrication et de transformation – se retrouvent modifiées à l’aune des enjeux planétaires contemporains tel le changement climatique. En effet, nous partons de l’hypothèse que les territoires urbains les plus affectés par ces changements – avec des crues et inondations par exemple – seront précisément ces territoires autoproduits, d’où l’intérêt à avancer des travaux de recherche et de réflexion sur leurs processus de fabrication aujourd’hui et sur leur avenir. Enfin, il sera question de ce chantier sur l’autoproduction, d’interroger des conflits d’accès à l’eau, de la vulnérabilité urbaine et sociale, de la reconnaissance de ces territoires dans la ville et enfin, les potentiels d’apprentissage de la frugalité contrainte pour repenser les fabriques urbaines d’ici et d’ailleurs.

LES INTERMÉDIAIRES DU GOUVERNEMENT À DISTANCE : RÉFLEXIONS SUR LES PRATIQUES D’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL AU XXIE SIÈCLE
Aurélie Quentin
Au vingtième siècle, la recherche urbaine a mis en évidence le caractère opératoire des transformations urbaines pour discipliner les classes populaires, notamment à travers la fonction « civilisatrice » conférée à la production de l’habitat social et des espaces publics. Dans ce cadre, elle a pointé le rôle important joué par les architectes et l’ingénierie sociale dans la production d’espaces urbains répondant à aux normes sociales et politiques de la modernité.

Depuis une vingtaine d’années, alors que les chercheurs s’attachent à montrer les limites et aléas de nombreux dispositifs participatifs qui visent plus à stabiliser l’ordre urbain dominant qu’à encourager sa transformation par les citadins, les pouvoirs publics y ont massivement recours notamment dans la production et la gestion de l’habitat, des espaces de proximité, des documents de planification ou de projets relevant de la transition environnementale. Pour cela, ils s’appuient sur (ou doivent composer avec) de nombreuses formes d’intermédiation pour opérer l’interface entre leurs objectifs et les habitants qu’ils cherchent à impliquer ou accompagner dans le cadre de ces transformations socio-spatiales. Nous souhaitons aujourd’hui interroger ces pratiques d’intermédiation qui s’incarnent de plus en plus dans la figure de « l’accompagnement ». Comment leur nature, leurs modalités et leur sens politique ont-ils évolué et comment ces évolutions peuvent-elles être interprétées dans le cadre de contemporain de « l’urbanisation du néolibéralisme » ?

Ouvert à l’analyse de pratiques d’intermédiation tant techniques que sociales et politiques, institutionnalisées ou non, et portées par tous types d’acteurs (architecte, professionnels de l’urbain, associations et ONG, initiatives citoyennes, organes publics, habitant etc.) ce chantier vise à explorer différents questionnements : dans quelle mesure la posture d’intermédiaire, qu’elle soit portée par un individu ou un collectif, est-elle choisie ou subie, et qu’advient-il si cette figure disparaît ? Comment les intermédiaires conçoivent-ils leur rôle et les effets de leur travail de médiation sur l’ordre socio-spatial ? Autour de quelles normes et valeurs structurent-ils le sens de leur intervention ? Comment font-ils face aux contradictions qui apparaissent dans l’exercice de leurs fonctions ? Comment ces pratiques d’intermédiation sont-elles vécues par les citadins qu’elles concernent ? etc.

COLLECTIVITES TERRITORIALES ET CIRCULATION DES MODELES AGRI-ALIMENTAIRES
Frédéric Landy
Les collectivités territoriales sont de plus en plus nombreuses, en France comme ailleurs, à se saisir des questions agricoles et alimentaires : souveraineté alimentaire, Projet Alimentaire Territorial, portage foncier, approvisionnement des cantines… Que ces modèles soient institutionnalisés (PAT) ou non, qu’ils apparaissent au fronton des ministères (transition écologique) ou non, ils circulent sous des formes multiples, au fil des conceptions et mises en œuvre des projets. Cette circulation peut être verticale : soit descendante (prescriptions de l’Etat, influence des institutions de recherche…), soit ascendante (mobilisation citoyenne). Elle peut être aussi horizontale, avec des diffusions entre collectivités locales, entre collectifs, entre pays aussi, sous forme d’échanges d’expériences comme de financements. Que reste-t-il alors des modèles initiaux, transformés par ces circulations et confrontés à la rugosité des territoires ? Dans quelle mesure les projets agri-alimentaires des collectivités locales ne sont-ils pas aussi des moyens pour celles-ci d’asseoir leur légitimité et leur visibilité sur leur territoire ?